( witch ) Au verso des pognes l'encre témoigne, en l'idiome des symboles alchimiques, des cabales auxquelles la Sorcière a prêté allégeance. Crâne à la sénestre pour les Moretti, cerné d'un Ouroboros, pour les Alkemi. En la dextre, la Caducée pour son art, sa sapience des paradoxes, tantôt sulfureuse, tantôt mercuriale, et enfin la lune, pour tutelle, s'en vient décliner ses phases sur huit de ses doigts. Le marquage est connu des Drüskelles pour être celui de la seconde cible primordiale de l'Ordre, suivant Chiara Moretti. Titres d'honneur, dont les sœurs se savent épinglées. Objets de gausseries infantiles.

( hunter ) Toute sa vie, quoiqu'enceinte, parfois jusqu'aux crocs, Sappho a chassé l'homme, rôdant loin de son antre puisqu'avant toutes autres la Mort est sa lande, et la Vengeance sa demeure. En ses manches, la Grisha escamote un carnet aux pages noires de noms ; ils ont été Drüskelles, ne sont que condamnés, désormais. Maints, sont ceux qui déjà ont péri. Maints, seront ceux qui périront. Sappho a juré. Pour ses ancêtres, pour ses enfants surtout. Il faudrait l'abattre, la chienne. Il faudrait, geint-t-elle, parfois, lorsque sa psyché n'en peut plus de ployer sous le poids des macchabées qu'elle traîne, triste Charron, en son sillage. Fantômes de compagnie.

( widow ) Lamentable. Gaïa pleure son Ouranos d'époux, son parèdre. Qui l'eut présagé, lorsqu'aux noces incestueuses, c'est une fiancée au palpitant déjà crevé que l'on livra à Orso, quarantenaire que les liens du mariage n'avaient jamais étreints ? Les deux bêtes, quoique d'abords mêmement braqués, s'apprivoisèrent néanmoins ; et devînrent, l'un pour l'autre, d'inébranlables partenaires. S'il est vrai que la Veuve pourchasse, en d'autres draps, la chaleur manquant aux siens ; et s'il est vrai qu'elle n'a pas attendu qu'il clabote ; n'en demeure pas moins que sa perte est inestimable, et le deuil pénible et lent.

( mother ) Sa chair, par cinq fois, s'est scindée. Ils sont, chacun à leur manière, lambeaux d'elle, la Mater démiurgique, qui veille sur sa Création, telle une dragonne sur son butin. Sans partage, aucun ; tantôt mère-sacrifice, tantôt mère-sévice, Gaïa est un Tout qu'il faut adorer, qu'il faut exaucer, ou alors craindre. Pas un, n'ignore l'ardeur de son courroux, de fait, pour en avoir été témoin — victime, parfois. De la même manière, l'on s'accorde sur ce constat qu'il est foutrement bon d'être aimé d'elle, et peut-être ne l'est-on du reste jamais mieux, jamais plus.

( master ) Matrone, Sappho l'est autant pour sa meute. Horde d'ombres déambulant, d'alcôves en courtines, de cours en castels. Ensemble, elle pour pivot, les Shadows sont rouages d'une machine de guerre. Celle que l'on se livre en coulisse, à revers de bonnes manières. À l'origine, ce n'était toutefois qu'un réseau conçu pour la survie de l'espèce. Non pas une arme, mais un refuge, où l'on s'échangeait informations et avertissements, pour mieux fuir les dangers. C'est à Sappho que l'on doit la forme que l'on lui connaît à présent. Sa nouvelle structure, qui n'est plus conçue pour seulement se cacher, mais bel et bien pour ronger les fondations du Royaume humain. Les rats se sont découverts des ratiches.  

( sister ) Chiara et Sappho sont jour et nuit. La rumeur, une fois n'est pas coutume, n'a pas tort, en la matière. Opposables à tous égards et cependant raisonnables, en suffisance, les sœurs ont appris à dompter leurs différends. Bête à deux têtes, on les surnomme souvent ; jamais qu'à deux doigts de se bouffer le museau, mais préférant chacune aller de paire. Pour le salut de la Résistance — à défaut de leurs âmes, mêmement frangines en perdition.

( pimp ) Blondasse. Putassière. Gaïa se déguise, fréquente ses siennes maisons closes, prétendant n'être rien, n'être personne d'autre que Madame, la Maquerelle aux gants de soie — mussant, à la vue des initiés, les tatouages trahissant. Feinte identité, pourtant légale, qui lui vaudra sans doute, un jour, la visite d'un Scythe ; race, fort heureusement, peu encline à l'idée de rôder en tels lieux de débauche. Le cas échéant, elle avisera. Les demi-dieux aussi, sont corruptibles — quelle divinité ne l'est pas ?

( prey ) De monstres, ses narcoses sont proies. Horde de cruautés anonymes aux contours fuyants qui l'enlace, la suffoque, la strangule et l'assassine en son sommeil. Les phalanges ont beau griffer les masques meurtriers pour lire, sur leurs visages, les motifs de sa (con)damnation — en vain. Elles sont sibyllines, ces hantises, que la Dévorée croit tenir pour des augures. Toutes, sauf une. Car une face, unique, ose parfois sourdre à découvert. Un Ogre de souvenir, plus vivant qu'en sa mémoire ; et pour cause, Sappho croit, à tort, l'avoir occi. Pourtant, le Mort marche ; ou boîte plus exactement. Pas qu'en ses songes, du reste, non. Dans son ombre, aussi.

échiquier
les observés
cendre beauchamps (shadow)
tilda carstairs (nièce)