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( words are futile devices ) / michail.
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— junior scythe —
Scythe Debussy
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— âge : les traits délicats à l'allure faussement innocente cachent l'âge véritable ; il a vingt quatre ans.
— statut civil : l'amour est un luxe que le jeune scythe ne peut se permettre. pourtant il a follement aimé par le passé, un songe pas tout à fait effacé de ses pensées.
— pouvoirs : il maitrise les arts martiaux à la perfection, à l'instar des différentes techniques permettant de glaner. il est également bon musicien, une activité triviale, permettant tantôt de reposer ses nerfs à cran.
— allégeance : il aime se croire indépendant quand il ne l'est pas vraiment, car au dessus, il y a l'ordre des scythes. quant à la politique, il la suit de loin, se gardant bien de faire le moindre commentaire.
— métier : l'apprentissage terminé il est à présent scythe junior, avec les contraintes et l'honneur qu'un tel rang implique.
— nom de naissance : antwan belinski.
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— 29.10.18 19:17 —



michail & antwan.
it's been a long, long time,
since I've memorized your face.


- - - - - - - - - - - - - -

La bise charmeuse de ce début d’automne, cinglait le visage rougi par le froid et se jouait des boucles noires sévèrement raccourcies, tant et si bien, que le jeune Scythe remonta le col de sa cape. En dépit de ses vaines tentatives pour se réchauffer, le corps tremblotait légèrement, et les doigts glacés étaient en peine pour tenir les rênes de sa jument. Sa main droite se détacha du cuir usé pour effleurer les poils tièdes de l’encolure, puis se nicha sous la lourde crinière. Il frissonna, galvanisé par la chaleur de l’animal, dont le souffle s’était mis à former des nuages opaques dans la pâleur matinale. L’œil s’attarda un instant sur les mèches aux tresses défaites ; reflet de l’œuvre d’un garçon ennuyé et pressé d’arriver à destination. Deux ans s’étaient écoulés depuis son départ vers un ailleurs exotique, un peu plus au sud, là où le soleil était maitre des lieux. Un climat nouveau, qui avait, sinon tenté d’apaiser les maux, gâté l’épiderme de rares couleurs dorées. Il était néanmoins revenu, une ou deux fois, afin d’honorer une invitation particulière de la part d’un membre de sa famille, mais ne s’était guère attardé plus que de besoin. Les parenthèses avaient été douloureuses pour l’écorché, ravivant des souvenirs poignants qu’il ne désirait pas attiser. Cet aspect de sa vie d’antan était – il le croyait - révolu. À présent, il n’en restait presque rien, hormis ces mesures silencieuses que l’index battait parfois distraitement sur sa cuisse, et, ce prénom, qui, toujours, fleurissait sur ses lèvres quand il était assoupi, les muscles lâches. Lorsque personne ne pouvait l’entendre ou le voir, pas même lui, inconscient de ses épanchements lascifs, il l’appelait et murmurait timidement d’une voix douce, que l’adoré lui revienne, avant de s’endormir, éreinté par les exercices physiques. À l’aube, tout s’effaçait alors et les tâches répétitives du quotidien venaient vite combler l’oisiveté de l’esprit. Mais maintenant qu’il était libéré de certaines de ses contraintes et en chemin pour revoir ses proches, il ne pouvait faire autrement que de songer à Michail. Et là encore, l’âme était partagée, car il ne savait que faire de cette relation interdite. Il ignorait ce qu’il était advenu de la moitié, échappée d’entre ses bras pour vaquer à une mission inconnue. Nulle lettre n’était parvenue, nul mot, et de cela, il en avait tiré les conséquences qui s’imposaient. Leur histoire était un leurre ; un leurre agréable, mais qui devait cesser d’exister pour tout un tas de raison. À commencer par celle, que la bague à son index lui rappelait, par le poids de sa responsabilité. Il était parti môme rêveur plein d’illusions naïves, il revenait, faucheur à la parole affutée.

D’un soupir, les divagations funestes furent chassées, et il se concentra sur le trajet, reconnaissant au loin le toit des premières chaumières de la ville. Il fallait d’abord traverser la forêt aux cimes épaisses, afin  de retrouver les bâtisses de pierres blanches. Il était tout près désormais, et dans sa poitrine le cœur se compressait d’appréhension. Il avait hâte de retrouver Raquel, d’entendre son rire, et de se perdre dans ses embrassades maternelles. Les missives ne remplaçaient pas l’absence d’un être, au mieux, elles entretenaient le lien solide entre les parties, sans réellement combler le vide. Il eut un sourire nostalgique, et s’émerveilla des feuilles colorées qui commençaient à tomber de çà et là, écrasées par les sabots dans une mélodie agréable à l’oreille. Entre ses cuisses, l’animal se mit brusquement à bouger, l’obligeant à reprendre contenance après s’être quelque peu avachi au fil des kilomètres. Il ne comprenait pas d’où venait cette agitation soudaine, et scruta les alentours en quête de réponse. L’équidé s’était mis à piaffer, et danser sur ses longues jambes. « Doux, doux, Noctis. » Mais celui-ci était incontrôlable, et pour cause, il devina enfin la source de ses troubles : il y avait juste devant eux, un loup blanc immense, aux crocs retroussés. Il n’était pas rare d’en croiser dans les parages, mais d’ordinaire les rencontres étaient nocturnes ; ce solitaire était une exception.  « Ca va aller, calme… » Qu’il répétait tout bas à l’attention du cheval, tout le flattant de ses caresses. L’assaillant se mit à grogner, et pour se défendre, Noctis se cabra, faisant fi de son cavalier, qui tomba sur le sol. Antwan se redressa aussitôt d’une parade pour attraper les rênes de son destrier en panique. « Shh. Calme toi. » Il effleura le museau tendrement, et s’interposa entre les bêtes ; de sa main libre, il récupéra le poignard caché dans les précieuses étoffes. « Recule. » La lame scintilla sous la pâleur diurne, et il s’avança, la respiration en branle. Il n’avait jamais que glané des êtres humains, se refusant – ironiquement – toute bestialité à l’encontre de la faune sauvage. Cependant, s’il en allait de la survie de sa jument, la chose serait différente, et ses principes s’effaceraient. Il fit quelques mouvements destinés à effrayer la créature, mais perçut dans son regard, une lueur maligne. Elle était apprivoisée comprit-il, apprivoisée et dressée pour tuer. Ca ne l’effrayait pas, la mort était sa plus fidèle compagne. « Où est ton maitre ? Qui que tu sois, rappelle ton chien, avant que je ne le saigne… » Le ton était dur et cassant, ne laissant de place à la tergiversation. Dans son dos, Noctis s’ébroua, le forçant à le relâcher pour s’échapper au trot à plusieurs mètres de là. Il y eu une flottement, suivi par l’apparition d’une silhouette immense à travers les branchages. Cette silhouette il aurait pu la reconnaitre parmi des centaines, et déjà, dans sa bouche le prénom se formait, douces rondeurs mielleuses. « Michail… » La main s’abaissa légèrement. A ses pieds le loup persistait à ruminer, mais lui, insensible à ses velléités, fixait l'homme au profil différent de celui qu'il lui avait connu. Il avait changé. Non, ils avaient changé.

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— drüskelle —
Michail Rostov
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— âge : [27 ANS] il ne compte plus les années qui défilent, que sont-elles pour un homme comme lui ? il n'est qu'actes et prouesses.
— statut civil : [MARIE] contre son gré, fardeau qu'il subit depuis deux ans déjà, tolérant à peine la femme à qui on l'a lié. son coeur est prisonnier d'un fantôme dont il ne peut se libérer.
— allégeance : [ROYALE] cette nouvelle reine qui prouve être digne, en restaurant l'ordre des druskelles auquel sa famille aspire depuis des siècles.
— métier : [DRUSKELLE] fier héritage d'un temps passé, jamais les dragons n'ont-ils arrêté leur activité, donnant désormais la mort au grand jour.
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— 30.10.18 22:46 —

Il faisait froid. Un euphémisme qui étira les lèvres de Michail en un sourire alors que la pensée s’évapora dans son esprit ; quand n’avait-il pas fait froid à H’rinski ? Aussi loin que sa mémoire remontait, avait-il toujours connu les neiges blanches du nord, enveloppé dans ses fourrures bestiales comme il l’était aujourd’hui. Là était le seul remède contre les vents de glace. La peau d’ours retombait sur ses épaules, molle, et protégeait son incarnation contre les flocons que le ciel vomissait. A ses pieds, la blanche Kore se mouvait, fluide et légère, malgré sa stature imposante — l’égale animale de son maitre. Elle se fondait dans l’opaline mousse, la truffe au sol, reniflant et recherchant des proies, petits animaux trop naïfs, à se mettre sous la dent. Michail résidait à demeure en ce moment, pause méritée après avoir complété avec brio sa formation de druskelle, et ne la nourrissait point de cette chaire tendre et raffinée que possédait le grisha. Tous deux se promenaient, en cette matinée de grand froid, dans les bois qui bordaient la ville et les quelques chaumières qui lui étaient éloignées.  Peut-être pousseraient-ils plus loin, et il irait rendre visite à sa mère, qui sans doute lui reprocherait de n’être parti chasser — Kore avait besoin de courir en garenne, et non de se trainer dans les sous-bois vierges d’impurs. Déjà relevait-il le regard, ayant entendu ses mots par des dizaines de fois ; mais Kore était sienne, et druskelle il était : peut-être alors pourrait-il s’émanciper des préceptes maternels et contrôler son existence comme il l’entendait. Des chimères si belles qui le tenaient éveillé, lui qui savait pertinemment qu’il ne pourrait jamais s’échapper de l’emprise de la matrone dragon.

Il perdit le fil de ses pensées quand la louve, à quelques mètres de lui, fonça par-delà les fossés et disparut dans l’océan enneigé qui s’étendait à perte de vue. L’homme laissa la bête s’échapper, sans protester : elle était, après tout, éduquée pour lui obéir. La sifflerait-il qu’elle reviendrait dans le vent. Mais il la laissa partir, et chemina doucement sur sa lancée, reprenant ses élucubrations mortifères. La campagne était calme, et la neige étouffant tous les bruits, le silence régnait en souverain absolu — cependant, l’assassin solitaire perçut un hennissement au loin, suivi d’un bruit sourd. Il était étrange, en cette saison, de croiser quiconque sur le chemin forestier, spécialement à cette heure précoce. Kore avait donc fait une rencontre ; peut-être au final était-ce un grisha imprudent, qui se verrait ôter la vie d’ici quelques instants. Il ne restait qu’à savoir qui sauterait, de la bête ou du maitre, en premier sur l’impur. Rebroussant chemin, et allant à l’encontre du canidé, Michail plongea une main dans le fond de sa pelisse — ses doigts rencontrèrent le briquet de son père, et à ses côtés, la sage dague forgée à l’aube de son métier. Il retrouva Kore à quelques mètres de là, dans une prairie de neige, et face à elle--

Non.
Ça ne pouvait être.

« Antwan ? » La surprise illumina son visage, et la tendresse d’autrefois chassa les ombres d’aujourd’hui. Il avait changé, et Michail l’avait immédiatement remarqué, mais de son essence il restait le même ; et qu’importe les variations que le temps apportait à son corps, il le reconnaitrait toujours — le connaissait-il suffisamment pour avoir tant et tant exploré son corps, avant. Avant tout cela, avant qu’il ne parte, avant qu’ils ne partent. Avant qu’ils ne se quittent, éloignés par les forces du destin, le contact se rompant dans les sibylles méandreuses du hasard. Mais bien vite le visage se recomposa, adoptant les grognements de la louve parmi ses traits — la forteresse bâtie au cours de ces dernières années autour de lui se refermait. La lumière s’en alla, et les ombres regagnèrent leur place sur les rondeurs du visage. La main retomba mollement contre son corps, lâchant les armes avant même que la bataille ne se déroule — il abandonnait l’offensive, ne gardant pour lui que la défensive. Aussi recula-t-il d'un pas, mettant de la distance entre lui et ce fantôme d'hier, entre lui et les blessures du passé. Il ne rappela pas pour autant Kore, gardant ce rempart entre eux : que faisait-il donc là, après tant d’années passées loin des leurs ? Instinctivement, la main se porta à son col, et attrapa l’objet dissimulé par les tissus, qu’elle tritura nerveusement, cherchant le calme que toujours ce dernier lui avait apporté. L’ancre dans laquelle il puisait sa force se tenait entre ses doigts, cachée de tous, éternelle soutien dans l’adversité rencontré — s’était-il marié, avait-il tant perdu, et liberté, et amour, s’était-il battu, que toujours l’avait accompagné cette relique chérie. Il ne bougea pas, mais laissa son regard glisser sur la silhouette du passé, observant les modulations nouvelles, renouvelant avec des détails qu’il n’aurait pu oublier. En lui, souffla les vents de la solitude, alors que persistait une question ; pourquoi ?
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Scythe Debussy
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— 03.11.18 19:06 —

Les prénoms murmurés au diapason, échos de leur vie d’antan, s’entremêlaient et frappaient le tympan d’une douce mélopée. Il demeura interdit, le bras retombant mollement sur les tissus gelés par le vent et la neige, si chers à ces terres qui l’avaient vu naitre et grandir. Antwan. Le patronyme buta sur la langue comme un objet étranger et impropre qu’il fallait apprendre à apprivoiser. Cela faisait des années qu’il n’avait pas été désigné de la sorte ; lettre par lettre, le mot dansa de ses intonations subtiles et délicates, pleines de signification pour ceux capables de la saisir. Plus personne ne l’appelait ainsi, et il lui sembla un court instant, redevenir ce gamin imprudent un peu trop rêveur. Tour à tour, il revit les mirages du passé, ces exclamations houleuses du père, l’incendie et ses grandes flammes, les rires chantants dans la bâtisse branlante aux murs de pierre blanche, et les épanchements nocturnes contre sa joue roussie à l’abri du grenier de la forge. Toutes ces choses que le garçon avait ardemment désiré oublier, revenaient le bousculer injustement, et il s’en trouvait fort déconvenue. Un frisson désagréable remonta dans son dos, tandis que les rondes billes noires toisaient la silhouette du géant. Il avait changé. À nouveau ce constat singulier vint chatouiller de ses suaves ondines les sentiments enfouis au fin fond de son âme alors qu’il détaillait lentement la carcasse dissimulée sous une pelisse aussi immense que celui qui l’habitait. Que subsistait-il de leurs étreintes amoureuses, de ce corps qu’il avait mainte fois pressé contre le sien avec ferveur ? Il l’ignorait, car c’était un inconnu qui lui faisait face. La barbe recouvrait à présent le visage fermé, sensiblement froid, où il devinait mille tourments dont il n’avait nulle connaissance. Une éternité s’était écoulée depuis le départ de son bel adoré. Antwan n’avait jamais fait ses adieux, la porte était restée irrémédiablement close aux suppliques répétées, pendant que les chagrins étaient étouffés dans le coton douçâtre d’un oreiller. On s’était contenté d’une promesse de retour, très vite supplantée par des jours horriblement longs, à attendre, et attendre encore. À cela aucune note n’avait comblé l’absence, et malgré tout, le fol espoir que tout redevienne comme autrefois, le secoua naïvement. Mais c’était impossible, ils étaient différents, avaient vécu dans leur coin des drames, qui avaient érodé de leur brusquerie, les caractères naturellement plus tendres. Ils s’étaient aimés passionnément – on ne pouvait le leur ôter malgré les sévères punitions qu’ils encouraient pour un tel pêché -, et désormais il fallait en piétiner les rares braises qui se manifestaient avant que tout ne soit trop tard.

Le souffle tiède frôla les carmines entrouvertes, et il prit enfin la parole, lui qui s’était tu, pour se perdre dans le fil de ses pensées éparpillées. « Non. C’est Scythe Debussy. » Une phrase qui sonnait horriblement fausse maintenant qu’il l’exprimait de vive voix, une identité remplacée par une seconde, ni pire ni meilleure. C’était le sacrifice qu’on réclamait à tout scythe en devenir, un moyen de faire fi de ses attaches, pour renaitre transformé et totalement dévoué à la cause glorieuse. L’apprendre avait été compliqué, c’était des paroles creuses qui ne signifiaient que si peu, hormis une adoration certaine pour un compositeur classique… Les semaines avaient fini par avoir raison de ses velléités, et les termes avaient été acceptés. Pour tous, il devait être Scythe Debussy ou votre altesse, y compris pour les siens. De curiosité ou d’agacement, il fronça les sourcils, en voyant le cousin reculer d’un pas. Les retrouvailles inévitables avaient plané au-dessus de leurs têtes : ils étaient de la même famille après tout. Il eut un soupir, et avança, le pas léger sur les feuilles mortes, sans tenir compte de la louve, toujours présente entre eux ; fidèle gardienne de son maitre. « Aurais-tu peur de moi, que je te vois reculer dans les broussailles. Deux années auraient-elles fait de toi, un pleutre ? » Les traits fâchés s’étirèrent sur la porcelaine échauffée, en un mince rictus amusé. Il poursuivit sa marche souple dans sa direction. Il était habitué à tout type de réactions, indues à sa condition de glaneur. Il avait, durant, sa courte expérience auprès de Scythe Caracalla, vu les bassesses de la race humaine, tout comme le courage des uns. En revanche, le comportement de Michail l’étonnait et le blessait dans une moindre mesure. Il avait au tout début de son apprentissage, envisagé les conséquences de leurs actes sur le lien si ténu qui les unissait, pourraient-ils le réparer ? Pourraient-ils se pardonner ? Jamais il n’avait eu de réponse à ses doutes. Il ne savait pas à quoi se heurter en débarquant ici pour voir ses proches, mais cet aperçu fugace le laissait songeur. À ses pieds, l’animal – une femelle à en croire son instinct maternel exacerbé - gronda soudainement, en montrant ses crocs acérés. Antwan lui jeta un coup d’œil désabusé, et reporta son attention sur l’ancien forgeron. « Rappelle ta chienne. » C’était un ordre plus qu’une suggestion qu’il siffla de ses dents serrées. Mais l’autre ne fit rien, ne bougea pas, véritable statue de marbre. « Rappelle là. » Plus fort cette fois ci, insensible aux sourdes menaces de l’animal qui persistait à vouloir l’attaquer pour protéger son maitre. La louve visiblement obtuse, essaya d’attraper le bras tendu où scintillait la lame ouvragée qui s’était levée en guise de défiance. Ni une ni deux, Antwan l’attrapa par le cou, en la coinçant sous son bras pour l’immobiliser. Un geste qui supposait une force certaine, celle la même, acquise durant son apprentissage où il s’était fait disciple des arts martiaux. La bestiole couina sous la poigne sévère, de cet homme qui la tenait, comme jadis, sa mère avait dû la prendre entre sa mâchoire. Il ne lui faisait pas mal, mais les cris étaient insupportables, brisant l’harmonie automnale. « Là… tout doux. » Il caressa la soyeuse fourrure du bout de son poignard, s’amusa des reflets, tout autant que de la chaleur sous ses paumes. « Ton maitre va venir te chercher. Michail. » Les doigts serrèrent d’avantage la couenne, arrachant des jappements supplémentaires à la bête et il se redressa sur ses genoux, défiant le cousin de s’approcher.
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Michail Rostov
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— 08.11.18 10:32 —

« Dépêche-toi ! » La neige étouffait leurs pas précipités, mais leurs rires, sincères, parvinrent à s’échapper par-delà les toits aux cheminées fumantes, dans cette voûte d’onyx aux perles d’argent, comme un écho fraternel au clignotement des étoiles protectrices. L’ainé avait quelques mètres d’avance sur son cadet, qui se trainait hors du sentier dégagé, parmi les silhouettes sylvestres dénudées. L’après-midi s’était déroulé dans le cocon d’une chaleur artisanale, alors que l’oncle s’était absenté, et que les corps avaient confessé leur amour dans la paille aménagée. La nuit, sans y prendre garde, était tombée, et les amants maintenant devaient regagner les demeures sans éveiller plus de soupçon – liaison secrète, liaison dangereuse, mais liaison enivrante. Michail s’arrêta, se retournant vers le cousin qui se faisait désirer : celui-là s’était arrêté, dos contre un tronc, et l’observait d’un sourire mutin. Rire, de nouveau, s’échappa d’entre les lèvres corail du dragon – ce soir, cependant, n’était-il qu’homme. Il s’approcha, lentement, du clampin narquois, jusqu’à que leurs visages ne soient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, leurs haleines se mêlant suavement dans une valse blanchâtre – les sourires se faisaient contagieux, alors que les iris glissaient sur les joues rougies par le froid mordant. « Ils vont finir par demander ce qu’on fait… » murmura-t-il, sa bouche se tordant vers l’autre, cherchant désespérément sa compagne, dont seul le souffle lui parvenait. « Laisse-les s’interroger, et embrasse-moi. » Réponse directive qui se prononça dans un souffle, alors que mains et phalanges se faisaient maitresses de ce corps nouvellement retrouvé. On y répondit par un gémissement d’envie, par des lippes qui, doucement, se penchèrent par-dessus leurs amantes et qui, tout aussi tendrement, se murent contre elles. L’étreinte s’effaça bien vite, les pas reprirent leur avancée dans cette neige isolante. « Dépêche-toi. »

Dépêche-toi.
Dépêche,
Dép,
D,


Debussy. Il l’avait déjà entendu, perçu ici et là à des repas familiaux, sans jamais en discerner les notes complètes ; manquait-il toujours une harmonie, mélodie incomplète, jusqu’à ce que le visage vienne la terminer. Alors, en cet instant suspendu, en ce lieu perdu, comprenait-il : les souvenirs se fanaient, glanés par l’illusion dérobée – il n’était plus le même. Il n’était plus sien. Des accents nouveaux qu’il n’arrivait à assimiler, refusait de s’y accrocher, comme il refusait la réalité qu’ils façonnaient. Les doigts autour de l’anneau dissimulé le rappelaient à ce passé perdu, à celui-là seul qui comptait – tout autre temps n’était que cruelle illusion. Après deux années à avoir chassé l’oubli et ses bienfaits, voilà qu’il abandonnait cette quête, et reniait les visions pourtant réelles ; seulement sous ses yeux cela prenait-il tout son sens, la solitude, la nostalgie, le regret. La culpabilité. Il ne bougea pas, même si le monde autour de lui s’effondrait, même si le cousin avançait ; non, se laissait-il plutôt engloutir par les flots, et leur remous apocalyptique. Au moins ressentait-il quelque chose.

« Aurais-tu peur de moi, que je te vois reculer dans les broussailles. Deux années auraient-elles fait de toi, un pleutre ? » Non, il n’avait pas peur, ni de la mort, ni de l’amant ; ni même de cette vision commune que parfois prenait l’entité. Mais les palabres ne parvenaient à sortir de cette bouche aux lèvres finement scellées. Aurait-il eu envie de répondre à la provocation chantante qu’il n’aurait pu, l’estomac noué par les chagrins sans fin, la gorge voilée par la pléthore de vocables sans nom. Parce qu’il ne parvenait à énoncer ce qui se passait réellement en lui, le regard qui jamais ne quittait cette silhouette menaçante. Parce qu’il ne parvenait à trouver les mots justes pour décrire l’horreur du brasier qui, en lui, ravageait tout. Aucun muscle ne daigna rouler, nœuds et tensions l’immobilisaient sur place. Semblait-il fixer un point au-delà de lui, au-delà d’eux, au-delà de cette réalité qui se jouait face à lui. Le souffle du dragon, que l’on disait éternel, s’alourdissait à chaque nouvelle avancée ; déjà n’était-il plus que piano atone, lent et long — les mouvements de la poitrine imperceptibles. Il se faisait sourd, piégé sous le tambour rutilant de son cœur agité : les lèvres s’agitaient au loin, étirées par l’ire qui naissait en leur carcasse, mais ne produisaient réellement aucun son — ouatées par le grognement distant de ce double de blanche fourrure. Ne subsistait que l’étrange sentiment d’une solitude funeste. Il était pourtant là, l’amant des temps anciens, le seul vraiment qui avait su ravir les sensibilités de son âme ; le seul que son corps réclamait encore, l’éther larmoyant d’une absence trop longuement déployée. Il aurait pu tendre la main, et frôler du bout des doigts ces joues tant baisées, tant cajolées. Il aurait pu attraper cette chimère et l’enlacer comme le faisait-il autrefois, sans pour autant le laisser s’échapper. Il aurait pu faire fi de tout, et seulement saisir l’homme qui au centre de sa vision trônait — comme toujours avait-il trôné, roi de ses nuits sans sommeil, prince de ses jours sans chaleur. Mais l’angoisse des retrouvailles, et d’un après déstructuré, le tétanisait.

Le jappement le réveilla, brusque retour à la réalité ; et autour de lui le temps reprenait son vol. La silhouette d’ombre, de nouveau, se fondait dans le décor, devenant un détail supplémentaire dans le paysage de neige — et les flous mouvements qui l’avait isolée du reste, et la violence erratique dans sa cage thoracique, disparurent bonnement. On reprenait consistance, lentement, mais sans jamais se défaire de l’emprise du Destin, qui s’accrochait si fermement à ses chausses qu’il ne pouvait s’en dérober. Mais la louve, douce et seule amie, l’implorait d’un secours, elle qui se trouvait entre des brutes membres qui autrefois ne connaissaient que l’indulgence d’une embrassade. Un éclat attira l’œil, brillance métallique menaçant la bête de son irrémédiabilité affolante : et alors, en lui, le brasier lustré s’exalta, attisé par la provocation méconnaissable. Les flammes prirent de l’ampleur, si grandes, si vives, qu’elles en léchèrent l’arrière de ses iris, éclairant ainsi l’azur de ses yeux d’une lueur criant le danger. « Ton maitre va venir te chercher. Michail. » Mélodie affreuse qui s’élevait des deux entités, gel d’une colère sourde et débâcle d’un martyr dans une bataille qui n’était sienne. Le regard du reptile glissa sur le pelage immaculé de l’animal, bête salvatrice acquise il y a à peine quelques semaines, mais qu’une complicité bien vite avait su lié à son maitre ; elle était, après tout, la première réjouissance de longs mois de souffrance. S’en prendre à la louve, c’était s’en prendre au semblant de bonheur qui se construisait lentement en son âme. « Lâche-la. » gronda-t-il, sa voix se faisant écho des grognements bestiaux, le regarde assombri par une rage montante en lui, lave fulminante qui consumait sans ménagement son ADN. Mais toujours était-il inhabile aux mouvements, lui qui s’empêchait tout rapprochement, par effroi des gestes qui alors pourraient être portés — qui sait ce qu’il adviendrait d’eux, une fois que la lave subversive aurait rencontré la glace pernicieuse. « Lâche-la, ou-- »  Les vocables en suspens.


Dernière édition par Michail Rostov le 17.11.18 15:27, édité 1 fois
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— âge : les traits délicats à l'allure faussement innocente cachent l'âge véritable ; il a vingt quatre ans.
— statut civil : l'amour est un luxe que le jeune scythe ne peut se permettre. pourtant il a follement aimé par le passé, un songe pas tout à fait effacé de ses pensées.
— pouvoirs : il maitrise les arts martiaux à la perfection, à l'instar des différentes techniques permettant de glaner. il est également bon musicien, une activité triviale, permettant tantôt de reposer ses nerfs à cran.
— allégeance : il aime se croire indépendant quand il ne l'est pas vraiment, car au dessus, il y a l'ordre des scythes. quant à la politique, il la suit de loin, se gardant bien de faire le moindre commentaire.
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— 12.11.18 20:09 —

La chaleur douce de la louve entre ses doigts frêles habitués aux tâches sordides, avait quelque chose d’exaltant et de terriblement vivant, car à force de côtoyer la mort, on en négligeait le reste. Il n’avait pas touché quelqu’un – ou quelque animal – depuis deux longues années. En avait-il oublié le gout et la saveur, si d’aucuns ne s’étaient pas tantôt précipités à son encontre pour réclamer un peu de son attention. Mais les étreintes fugaces – puisque interdites par le code de ses pairs - étaient toujours hypocrites, débitrices d’un service que seul lui pouvait accorder, et qu’il se refusait néanmoins de donner au premier quidam. L’immunité était un don puissant à manier avec parcimonie, ce qu’il s’employait à appliquer, à l’instar des préceptes inculqués par son maitre, et malgré des velléités parfois cocasses. Ainsi, n’avait-elle été accordée qu’une fois à une petite fille, aux traits sensiblement identiques à celle au courage émérite, glanée des mois auparavant. Un souvenir puissant, dont il rêvait régulièrement, quand ses pensées ne retournaient pas invariablement vers son cousin, et ces journées ensoleillées d’une période révolue. Il ferma les yeux un instant, resserrant d’avantage sa poigne sur la couenne frissonnante alors qu’il posait sa joue sur le pelage soyeux immaculé. Le cœur du canidé accéléra, frappant le tympan d’une mélodie méconnue, et un battement en chassa un autre, ponctué ici ou là d’un râle sourd de la bête. Il la cajola pensivement, la sentant se détendre progressivement sous les caresses affectueuses qu’il lui prodiguait d’un air nonchalant. Pauvre folle naïve, songea-t-il que de croire toute bonté de la part de cet homme qui la maintenant aux arrêts de ses bras solides. Pourtant, il n’avait pas toujours été comme ça, tout de sombre vêtu, l’œil moucheté d’un charbon profond empreint d’une mélancolie sauvage. Il avait été lumineux, le rire au bord des lèvres, prompt à l’amusement et aux fourberies espiègles des gens de son âge. Les évènements qui s’étaient succédé à une vitesse folle, le destin, et les décisions des uns l’avaient changé pour le façonner tel qu’il était à présent : une créature faussement immunisée aux tribulations sentimentales. Une mascarade de son acabit, à laquelle le garçon se pliait par dépit ou par devoir, même si en pareil cas, les vieux travers refaisaient surface, réveillés par des passions inextinguibles. Il pouvait tromper l’entourage proche, leur faire miroiter que les inclinaisons étaient bel et bien évanouies, mais l’âme savait les agitations qui étaient siennes en tout temps. Faire fi d’un amour ardent réclamait un courage et une volonté, qu’il n’avait pas.

La silhouette se redressa légèrement dans la poudreuse, dardant un regard indescriptible sur le cousin immobile. Ce n’était pas ce qu’il avait imaginé pour leurs retrouvailles, mais il était difficile de composer avec ses expectations quand la réalité était louvoyante et insaisissable. Or Michail – le prénom sur le bout de la langue reprenait enfin ses droits – était le reflet de ses propres variations physiques et morales. Malgré cela, il ignorait tous des activités de l’homme qui l’avaient tenu éloigné de ses embrassades, et de leurs promesses sibyllines chuchotées dans l’alcôve de leur grotte secrète, où ils s’étaient pieusement aimés. Sans crier garde, on lui avait volé sa tendre affection, sans lui en donner la véritable raison noyée dans des excuses scurriles. Tout juste avait-il eu des doutes, que l’allure générale du cousin offerte à ses œillades curieuses, paraissait désormais confirmer. Les mois n’avaient pas été de tout repos pour les amants, surtout pour celui-là en face, bouffé d’une aigreur inconnue mais visiblement pugnace, à en juger par la distance grotesque qu’il s’évertuait à maintenir entre eux. Agacé était le délicat ami de la mort. « Qu’est-ce que tu dis ? Je ne t’entends pas bien… Répète. » Le ton était sévère, mimétisme exact de cet autre lui, qui prenait parfois le contrôle de ses gestes pour soulager la conscience fragile et trop sensible. De ses mains dangereuses, il poursuivit les hostiles cajoleries, faisant gémir un peu plus fort le canidé capturé dans ses griffes. « Lâche la, ou bien quoi Michail ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Me blesser à nouveau ? » L’attaque était sournoise de sa part, mais il y avait dans le palpitant de ce gosse amère, les réminiscences de ces journées noires à attendre indéfiniment, qu’on vienne le délivrer de ses maux. Quand il avait compris que l’adoré ne réapparaitrait pas de sitôt, il s’était replié sur lui-même, et avait fui les proches, pour pleurer sur la dépouille encore fraiche d’un amour disparu. Nul n’avait saisi le traumatisme qui accablait l’enfant autrefois jouasse lorsque le traumatisme se nichait dans l’absentéisme de cette moitié de soi. Michail l’avait brisé et les reproches fusaient de toute part, tandis que le jeune scythe se recroquevillait pour taire les cicatrices vivaces. Il frémit, et la bouche déformée par la colère cracha son fiel dans un halo blanchâtre. « VIENS LA OU JE LA TUE. » Le cri et ses notes affreuses – échos d’un véritable désespoir - se répercutèrent partout aux alentours, brisant le calme relatif de cette nature endormie. Dans la poitrine, le cœur s’emballa avec vigueur ; il ne supportait plus ce stoïcisme de son cousin. Il n’avait pas le droit… Pas après tout ce qu’il avait subi par sa faute. Mais le forgeron persistait à ne pas bouger, agrémentant la rage qui vrombissait dans ses veines saillantes. Désormais, nul retour en arrière n’était possible, il allait agir, même si l’affaire le débectait. « Tu sais… J’aurais préféré que tu obéisses muy lyubimyy, tu ne me laisse pas vraiment le choix. » La lame aux reflets argentés effleura le pelage grisonnant, fila à travers les poils jusqu’au poitrail qui se soulevait rapidement sous la paume sévère. La peur… La peur était là, presque physique comme si elle eut été dotée de membres palpables. De ses rondes billes noires, Antwan toisa le maitre puis revint vers l’animal dont les pattes grattaient le sol avec hargne. Il pencha sa tête sur le côté, et déchira la chair d’un geste précis de celui trop habitué à l’exercice, soulevant un soubresaut inévitable à la pauvre créature innocente. La coupure souillait la fourrure d’une éclaboussure écarlate, et les gouttelettes s’écrasèrent sur la poudreuse viciée. Il conserva sa position tout en fixant la plaie qui n’était pas mortelle – il n’aurait pas pu aller jusque-là – se refusant toute violence quand elle n’était pas nécessaire. La beauté de l’affliction le stupéfia brutalement: la pureté des couleurs, la clarté des taches minuscules, et les fines lignes des muscles. Il toucha le liquide poisseux de sa main ; il était tiède sur l’épiderme, de ce teint si similaire aux fleurs d’antan qu’il eut pour habitude de piquer dans ses lourdes boucles d’ébène. Le corbeau grimaça, et relâcha par inadvertance son étreinte. Le fidèle compagnon rejoignit Michail de sa démarche caduque, dans laquelle des pétales rouges fleurissaient dans la neige. Debout, il essuya les doigts tremblants sur le bord de sa cape, et en retira le surplus de sa langue râpeuse. Un gout de fer inonda aussitôt son palais, le faisant vibrer, alors que les yeux défiaient l’amoureux devenu ennemi improbable.
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