(all the bright precious things fade so fast. and they don’t come back.) Poupée blonde, enfant auréolée. Frieda, elle avait tout d’une dame avant même d’en atteindre l’âge. Jeune fille de bonne famille, beauté classique, un bijou gracile qui ne demandait décemment qu’à être exhibée. Car ainsi va-t-il pour elle. Trop belle, trop pure. Enfant de cristal, destinée à étinceler en toute impunité. Tout au long de sa vie, on n'a eut de cesse de lui vanter fiévreusement sa beauté. Qu’elle ferait de bien beaux enfants et que son époux serait bien chanceux de partager sa couche. Et s’il y a une indéniable source de douceur dans chaque compliment énoncé, ces paroles ont toujours imprégnés frieda d’une pénible lassitude. La beauté se fane, même dans un monde gouverné par l’immortalité et frieda aspire à plus que cela. (half of her beauty is her brain.) Frieda n’est rien. Elle n’est que l’infime rouage d’un système à la fois vaseux et trop bien huilé. Sa liberté est illusoire, viciée. Sa vie ne lui a jamais véritablement appartenu, il en a toujours été ainsi. Elle l’a vite compris. Enfant précoce, elle a rapidement été souillée par les vices et les troubles du monde qui l'a vue naître. Poupée fatale, teintée de fatalité. Intelligente, dotée d’un esprit fin et aussi aiguisé que les lames qu’elle s’est maintes fois entraînée à manier, elle s’est souvent laissée aller à croire qu’elle pourrait être l’auteur de la différence. Que dans son insignifiance, elle pourrait exister. Marquer ce monde de sa présence. Et si son immortalité la trouble encore parfois, elle entend bien en user à bon escient. (i grew to like him.) thomas virmund. sa tendre moitié. homme glacé dont le coeur repose dans la tombe d'une morte. mariage fissuré, altéré par bien des intempéries. et elle lutte, frieda. dans ce titre mariage, elle lutte vaillamment. en dépit des colères, en dépit des blessures et autres douleurs ancrées dans son âme, elle a fini par s'éprendre de cet homme. et elle le connait. en dépit des nombreux efforts de thomas pour lui fermer son coeur et sa vie, elle le sait. elle le sent. elle le connaît. Elle ne sait pas tout à son sujet et n’a guère l’arrogance sotte de prétendre le contraire, mais ses connaissances sont néanmoins plutôt étendues. Elle est le témoin de l’existence de son époux. Elle connaît son ambition, sa haine, sa peine. Les années de mariage n’ont pas été veines. Elle a fini par apprendre le fonctionnement pour le moins tortueux de sa cervelle. Elle connaît la plupart de variantes du jeu qu’il mène tambours battants. Contrairement aux fidèles de son époux, elle sait que le monde qu’il veut bâtir n’aura rien d’idyllique. Qu’il sera gonflé d’inégalités et de peine, comme celui qui est le leur à l’heure actuelle. Thomas Virmund n’est définitivement pas un homme parfait et cela ne changera sûrement pas une fois sa tignasse foncée coiffée d’une couronne. A vrai dire, Frieda redoute un tel dénouement. C’est l’ambition, le désir du pouvoir qui fait vivre son homme. Elle le sent dans tout son être. S’il s’en saisit un jour, que lui restera-t-il ? Elle, indéniablement, mais cela ne lui a jamais suffit. (But the day you were born and I held you in my arms and nursed you for the first time and you looked up at me I've never felt anything else like it.) Frieda a porté cinq enfants. Dès l’instant où elle a sut qu’elle portait son premier enfant, elle a été gagnée par une forme de joie et d’apaisement qu’elle n’avait jusqu’alors jamais éprouvé. Il n’y a rien qui se compare à ce sentiment. Frieda était faite pour la maternité. Elle en a la certitude depuis qu’elle y a goûté pour la toute première fois. Maman ancrée de douceur, compensant avec la froideur viscérale de son époux, elle a trouvé une forme de paix dans l’enfantement. Ses enfants ont donnés un sens nouveau à son existence dès l’instant où ils ont pointés le bout de leur nez. Elle est profondément reconnaissante pour chacun d’eux et entend bien faire tout ce qui est en son pouvoir pour les protéger. Elle se sacrifierait pour eux dans un battement de cœur, sans hésitation d’aucune sorte. Son instinct maternel surpasse tout. Avant d’être épouse, Frieda est et restera toujours une maman. (a whole new world) En tant qu’épouse de son fondateur, Frieda a forcément un pied dans le cercle des onyx. Membre de l’organisation, elle se montre d’un soutien inégalable envers Thomas. Elle se tiens fièrement à côté, son petit menton aristocratique levé, un sourire confiant cornant ses lèvres colorées de rose. Si elle ne se retrouve pas dans le véritable monde dont son mari entend bien être l’artisan (un monde qui n’a par ailleurs rien à voir avec celui qu’il dépeint à ses suivants), elle entend bien rester malgré tout à son côté. Elle aime à penser qu’elle est celle qui parviendra à canaliser les ardeurs de son époux s’il devait un jour se saisir du pouvoir.

she was a corpse, I was a living girl, and he loved her more than me ;; Frieda est une jeune femme lucide, intelligente, profondément ancrée dans son amère réalité. étonnamment mature même dans ses jeunes années, elle ne s’est jamais laissée aller à nourrir un fantasme d’amour parfait. La perfection n’est décemment pas de ce monde, cela elle l’a accepté et compris alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Elle a toujours sut que sa vie conjugale finirait entre les mains gracieuses des marieuses et elle a appris à accepter cette réalité pour le moins glaçante. Quand elle a atteins l’âge des fiançailles, elle s’est présentée dans toute son élégance clémente. Poupée dorée, résolue et désolée. Elle ne pouvait qu’espérer. Espère une existence décente dans un monde comme fané. Et puis, le couperet est tombé. Un nom, saveur douce amère égarée sur sa langue. thomas virmund. Si elle ne saurait décemment prétendre qu’elle l’a aimé dès le premier instant, elle peut en revanche admettre qu’il ne lui a pas déplu. Il lui est apparu en conquérant, le visage méticuleusement fermé. Un adolescent devenu brutalement homme. Une belle figure glacée qui ne demandait décemment qu’à être égayée. Elle l’a trouvé beau, brulant dans toute sa froide assurance. Pensivement, elle a songé qu’elle aurait pu tomber nettement plus mal. qu'au moins lui ferait-il de beaux et grands enfants.
conformément à la tradition, les jeunes fiancés ont vécus une année ensemble. frieda a quitté tout ce qui lui était foncièrement familier en ce monde en emménageant au sein de la demeure familial des virmund. c'est entre ces murs inconnus qu'elle a commencé à dresser un portrait de l'homme qu'elle épouserait à la fin de l'année. le moins qu'on puisse dire, c'est que le climat n'était pas propice au rapprochement. il n'a pas fallu longtemps à frieda pour comprendre que son futur époux était vraisemblablement hanté. si elle n'a jamais entendu cette histoire de la bouche de thomas, elle connaissait déjà à l'époque les racontars répandus sur sa personne. il se racontait du garçon virmund qu'il s'était sottement amouraché d'une roturière. passion brulante et brulée qui n'était pas sans avoir connu une fin pour le moins sordide. amante glanée. histoire d'amour morte avant d'avoir eut véritablement le loisir de commencer. kestrel. c'était son nom. malheureuse âme déchue. fléau passé que frieda a été bien obligée de tolérer.
elle a dut apprendre à composer avec ce fantôme, invité malencontreux dans un mariage d'ores et déjà bien malchanceux. durant l'année qui a précédé l'acquisition de leurs statuts maritaux, frieda a déployé de gros efforts pour nouer un semblant de relation avec son futur époux. elle s'est débattue bon gré mal gré contre les démons agglutinés autour de thomas. il ne l'a jamais laissée entrer, la repoussant doucement mais fermement. lorsqu'ils se sont mariés, frieda avait toujours l'irritante sensation de se tenir en face d'un total étranger.
elle a par ailleurs gardé un souvenir très précis de cette cérémonie. elle se souvient du chaos d'émotions qui l'habitaient ce jour-là. elle se souvient de la tension qui habitait son corps et du sentiment de solitude sous lequel elle ployait méchamment. et elle se souvient de thomas. de son apparence immaculée et de son regard qui ne reflétait que les ténèbres et la désolation. quelque chose s'était passé. elle le savait. c'était comme si toute trace de vie avait déserté ses prunelles. elle se souvient du baiser qu'ils ont échangé ce jour-là. la sensation de ses lèvres contre les siennes. c'était comme embrasser la mort en personne.

Un mariage décemment bien glacé que celui de Frieda et de Thomas. Une union asséchée dont sont nés cinq enfants. Cinq bébés que Frieda a portés. Cinq petits êtres qu’elle chérit ardemment et qui rendut son quotidien bien moins pesant. Un bonheur imparfait, entaché par le bâtard de Thomas, Conrad. Un gamin ramené alors qu’elle s’apprêtait à donner naissance à leur aînée. Elle a crié, Frieda. Elle a maudit ce désolant époux qui n’en a eut que faire, allant jusqu’à lui imposer la présent de ce gamin d’origine maternelle inconnue. Elle n’a eut d’autres choix que d’accueillir Conrad et son cœur se serre depuis à chaque fois qu’elle pose les yeux sur lui. Encore à ce jour, Frieda ne comprend pas la raison de l’existence du bâtard. Le fil tortueux des pensées de son époux lui échappe toujours.
Et les années sont passées. Le mariage perdure, morcelé. L’affection est tangible, gracile, mais néanmoins présente. Thomas, Frieda a appris à l’aimer. Une relation pour le moins embrasée que la leur, vraiment. Un goût amer, perdu entre leurs lèvres trop sèches. Frieda, elle sait qu’il ne l’aimera jamais. Pas comme elle le souhaite. Pas comme elle estime le mériter. Le cœur de Thomas est ailleurs, hors de sa portée. Il repose sous un monticule de terre, avec la dépouille de sa belle Kestrel. Frieda, éternelle perdante. Frieda, dont le menton demeure malgré tout fièrement levé. Beauté taquine, beauté gracile. Fragile et forte, tout à la fois."