— Troisième môme d'une fratrie nombreuse et de cinq marmots, baigné dans les lubies et obsessions d'un patriarche archéologue et trop aventureux, tâchant de comprendre le passé pour ne pas en reproduire les erreurs terribles. Il fut le plus discret, Polaris, électron libre, l'effacé dans la masse pour mieux se déployer dans ses solitudes et ses libertés.
— Gosse méticuleux et secret, pris sous l'aile d'un embaumeur dans les sillons de son adolescence à défaut d'être taillé pour les mines de joyaux, commençant à fréquenter les morts d'avantage que les vivants, évinçant les répugnances pour l'admiration, avec cet avantage qu'ils eurent à demeurer dans le mutisme et le laisser songer, passant des heures à réécrire et réinventer leurs vies et tracés.
— Il y eut une fascination crasse, pour les rejetés, désireux d'étudier les Grishas et leur magie en dépit d'une crainte inculquée par l'éducation aux murmures pernicieux, affirmant qu'ils furent maléfiques. Jusqu'au jour terrible où l'un d'entre eux abusa de ses dons, en une domination perfide, sous les mirettes de l'égaré. Frisson à la carne fasse à l'incendie ravageur bouffant quelques badauds dans leur fournaise. Il y perdit une sœur, Polaris, réduite à l'état de poussière et cendres virevoltant dans les airs. Depuis il craint, appréhende, déteste, ne sait plus.
— Âme attachée à ses racines, où les seuls aventures ne sont tracées que par les ouvrages et les histoire contées. Les routines sont ancrées dans le derme, peu désireux de les délaisser en quelques habitudes rassurantes. Et il aime écouter Polaris, les contes d'autrui, d'avantage que s'exprimer ou s'aventurer. Peut-être par peur du monde face à sa fragilité.
— Fantômes terribles qu'il s'imagine, l'embaumeur, dans l'antre de sa morgue et depuis quelques années. Parce qu'il s'y passe des étrangetés, des phénomènes. Entre disparitions de macchabées et leurs retours inexpliqués, mais aussi les faciès qui semblent quelque peu divergents, comme entravés dans leurs structures même, juste quelques détails imperceptibles, au delà des positions et de l'emplacement des crinières. Il en a des frissons Polaris, mène l’enquête, peine à saisir, a peur de tomber sur une ignominie. 

danse macabre ;; Frictions d'univers en un mélange délicieusement hétérogène. Les pognes embellissant les carcasses en des similitudes macabres, égaré dans les frontières perméables entre embaumement et taxidermies. Beauté des trépassés, l'un à soigner les humanoïdes, l'autre les bêtes. Et il s'y sent bien, Polaris, dans les perditions vagabondes de l'antre du détenteur de curiosités, un jour entré dans les proliférations étranges de la boutique sertie de merveilles, devenu familier et client trop fidèle. Il a réussi un exploit Briavel, à percer les frontières de sa timidité maladive, à le faire entrer dans un monde qu'il s'est mis à aduler, peut-être un peu trop, la graine d'un attachement mordant dans les tripes, devenu dépendant. Peut-être qu'il se met à rêver, Polaris, un peu et distraitement, de partir à l'aventure avec l'excentrique vagabond qu'est l'autre, qui l'aide à se déployer et se confier si naturellement, le tanne à le suivre dans les périples. Parfois il y a leur mutisme, leurs manques de mots si paisibles, à l'embrasure de leur attachement mutuel, la complaisance dans les silences à écouter le monde et rien d'autre. Puis il y a les secrets, ce qu'il ne partage pas, Briavel, parce qu'il est mortel, parce qu'il est de ceux qui sont qualifiés de monstrueux, un terrible Grisha aux phalanges habilement surnaturelles, parce qu'il prendrait peur Prolaris, des sorcelleries crasses et des jeux de fumées et miroirs pour trafiquer les dermes. Il est aussi le fantôme traqué avec appréhension, celui qui dérobe les carcasses, le temps d'un soir, qui s'infiltre après avoir façonné un double des clefs dans l'ombre. Macchabées pliés à l'état de carnes expérimentales, pour entretenir les dons, déployer les puissances, être soi-même, dans les ombres sinueuses et à l'abri des œillades indiscrètes, asservir les échines pour en faire des œuvres d'art temporaires, repoussant les limites du raisonnable. Il n'ose songer Briavel, aux conséquences d'une potentielle découverte, aidant silencieusement dans les enquêtes qui n'aboutissent à rien, jamais.

môme parasitaire ;; Dualité puérile. Ombre d’un petit prince qui rôde, arpente les allées dégueulant de curiosités tant aimées, parvenu à être entré dans le macrocosme d’un Briavel pour de trop nombreuses aventures. Les jalousies bouffent, rongent les entrailles en demeurant muettes, parce qu’il n’aime pas, Polaris, la place que prend le môme et l’apprenti de l’anticaire-taxidermiste, persuadé qu’il est devenu parasitaire de bulles cotonneuses. Et ça le pousse, l’embaumeur, à vouloir partir, voyager, se dépasser, pour glaner un peu plus de privilèges et de possessivité. Pourtant il n’est pas si terrible le prince, au delà des jalousies qui demeurent infondées, terriblement douçâtre et à offrir quelques remembrances d’instants délicieux, alors qu’il admire l’autre dans son macabre, à demeurer bienveillant.