Fin de soirée, fin de l'extase. L'aube se lève un peu sur la nuit noire de Thormar. Son chemin il le connaît, Horus ne se perd jamais dans le noir qui l'habite, se sentant bien plus à l'aise parmi ses rues frivoles qu'auprès des salles de trônes. Ces bas fonds, c'est son royaume à lui, sur lequel il veille comme le plus fou des rois, s'amusant parfois à frapper tendrement les têtes de ses sujets. Il s'emploie cependant à rentrer, se préparant déjà aux dents grinçantes de Masha, ne supportant pas qu'il rentre à l'aube. Il a bu quelque peu, mais l'alcool n'a plus sur lui le même poids avec le temps, si son nez s'est un peu empâté, sa langue elle réclame toujours un peu plus de liqueur et il a appris à tenir le breuvage mieux que n'importe quel ivrogne du pays. Il déambule parmi les rues, droit sur ses pieds, sifflotant un peu tandis que la flamme de son briquet illumine le temps d'un léger flashs, les lieux noirs et sans fond de la ville, où s'éteignent les mortels et ne vit plus que les aliénés. Cependant, son corps en heurte un autre, lors de la demi seconde d'attention qu'il porte à sa cigarette plus qu'à ses pas. Il entrevoie cependant dans la braise le regard perdu de ce qu'il jurerait être un enfant. Il penche la tête sur le coté. « Eh bien, bonhomme, tu t'es perdu ? » L'autre ne répond pas, Horus a déjà posé une main sur son épaule en riant. « Je crois que tu as un peu abusé de la boisson. Où sont tes parents ? » Il le rattrape au moment où il manque de lui tomber dans les bras, clignant un peu de ses longs cils noirs, en soutenant ce corps frêle et secoué par l'euphorie.

Le gosse est complètement paumé, inutile d’essayer de disserter avec lui, il parvient à peine à aligner deux mots. Horus a plutôt l’habitude de ce genre de cas, riant d’avantage, il n’est pas tellement du genre à s’inquiéter. Le petit brun s’indigne d’ailleurs qu’il l’ai pris pour un enfant. C’est d’une moue désolée que le plus vieux se fait pardonner, tirant sur sa cigarette. « Oh navré trésor, il est tard. » Mais il a vraiment quelque chose d’un peu enfantin, sans doute d’autant plus aggravé par ses yeux roulants dans tous les sens, perdu. Il a un air de chiot vagabond, le genre qu’il prend sous son parapluie pour l’abriter, qu’on ramène à la maison pour qu’il dorme au chaud. Horus lève légèrement un sourcil en l’entendant, solaire, il rit de plus belle. « Certainement oui. » Impossible de le laisser en plein milieu de la nuit noire, il jette un regard derrière lui. La terrible Étoile du soir a toujours quelques chambres de vide et il est trop ivre pour prendre peur, ce serait trop difficile de lui expliquer qu’il ne lui veut aucun mal. « Dis donc, où tu vas comme ça ? Tu veux que je te ramène quelque part ? » Il hoche la tête en s’étirant un peu, véritable fauve ne rêvant que d’un lit douillet.