il y avait la mort douce, celle donnée dans le sommeil. la vie qui s'en allait tout doucement, le marchand de sable qui en était le seul témoin. et puis il y avait les morts douloureuses, celles que scythe mozart se devait de donner pour les statistiques. pour que tout concorde, que ceux qui doivent les subir aient des raisons valables, aient commis des actes qui le justifiaient. il avait entré ce nom dans l'ordinateur après avoir réfléchi, tout vérifié. il se devait d'être d'une objectivité sans faille. ce travail était difficile mais devait être effectué correctement. et une fois cela fait, mozart pourrait passer à l'acte. glaner, glaner parce qu'il ne tue pas. non, aucun des scythes ne tuent. ils font juste disparaître, belle hypocrisie quant à leur fonction mais mozart ne s'en préoccuperait pas. il ne pouvait pas abandonner la cape, jeter la honte sur sa famille. interdiction qu'il s'était fixée, pression qu'on lui avait inculquée depuis son âge le plus tendre. et parfois les remontrances de son père, espoirs de sa mère lui manquent. il voudrait entendre leurs voix, revoir leurs visages - que leurs expressions soient douces ou amères. pensées futiles, scythe mozart réajuste sa cape. bague à sa main, carnet sur lui. poignard dissimulé derrière l'habit, il n'a pas envie d'effrayer les habitants encore plus. beaucoup fuient sa grande silhouette, l'habit qui sent la mort. direction des troncs d'arbres délaissés, peu habités. le futur être glané est là. scythe mozart le fera en une seule fois. il suivra la procédure, n'est pas ceux de la nouvelle génération de bonaparte. il l'aperçoit qui marche, ne se doute sûrement pas de ce qu'il l'attend. et le coup de poignard est vif. le sang coule, il glane - il glane. voit dans les yeux de sa victime que c'est fini. il l'abandonne dans sa brève agonie, ne veut pas voir ses derniers souffles. il veut juste se laver les mains, effacer le sang qui est dessus. il s'évapore dans la forêt, direction opposée. il se cache sous sa grande cape; prie pour ne croiser personne mais le ciel le trahit. le temps s'arrête lorsque ses yeux croisent une silhouette qu'il reconnaîtrait entre mille. tête cachée sous son habit, il voudrait disparaître. yuji

son battant s'emballe rien qu'à sa vue; un peu plus en pensant à la honte qui se répand en lui. le sang sur ses mains, yuji le verra. yuji comprendra qu'il est de ces monstres là. scythe mozart est immobile, ne sait plus respirer. il sait juste se noyer dans les yeux de son vis-à-vis. souhaiter que ce ne soit qu'un de ses nombreux rêves. un songe où yuji l'aiderait à tenir, où les souvenirs le ramèneraient à huan. huan xu - celui qu'il était avant d'être scythe. pourquoi fallait-il qu'il le recroise aujourd'hui ? méritait-il de voir l'amour interdit le haïr lui aussi ? la peur l'emporte, le silence aussi puisque aucun mot ne sera assez.

stellaris

Quand il percevait son reflet dans un miroir, dans le recoin d’un verre ou une simple étendue d’eau, il aimait à croire qu’il était toujours le même enfant, l’innocence jouant dans ses iris, l’esprit insouciant et le cœur libre de tout tracas. Il aimait à croire que ses jugements étaient les bons, que peut-être ce matin, dans la cour, ce n’était pas un innocent qu’il avait envoyé derrière les bureaux et que le réel coupable ne trainait pas dans les vastes plaines, impuni. Signe de justice, Yuji ne se trouvait pas apte à suivre ses ainés, le flair tout aussi aiguisé, sans la moindre pointe de regret sur la lisière de ses lèvres à chacune de ses affaires. Il sentait la pression s’accumulait, au même titre que les rêves d’escapades et de fuites s’enracinait dans son esprit. Il savait qu’il n’en ferait rien. Il était bien trop lâche pour oser tourner le dos au cocon doucereux et oisif qui l’entourait depuis sa naissance. Mais il appréciait tendrement ces douces contemplations, à s’imaginer un ailleurs. Et souvent, étrangement, une autre silhouette l’accompagnait dans ces desseins-là, masculine et brune, presque semblable à la sienne. Huan. Les traits encore marqués derrière ses iris malgré les années. Le garçon avait disparu, aucune nouvelle et la relation tendue qu’entreprenait sa famille avec les Xu lui avait toujours muselé la bouche devant un quelconque questionnement public. Il ne pouvait décemment demander des nouvelles d’une personne à qui on lui avait toujours implicitement demandé de ne jamais adresser la parole. Il espérait qu’il aille bien, chaque scénario funeste et morose envoyé plus loin comme une chimère. Assuré que rien de mal ne devait lui être arrivé (il le sentirait, il en était certain). Ça ne l’empêchait pas de désirer sa présence, comme en ce moment même alors qu’il s’enfonçait dans les chemins sinueux d’une forêt devenue deuxième refuge, tant flore lui était familière.
C’était naturel qu’il pense à stupide mirage quand une silhouette devenue plus grande que ses souvenirs ne se poste devant lui. Le soleil était fort, les journées parfois caniculaires, ses yeux se trompaient. Mais c’est une personne réelle qu’il sentit au moment où sa main s’empara d’un bras. « Huan ?» L’expression de son regard ne pouvait être un fantasme, elle était bien trop vive. « Huan. » Le souffle court, le cœur qui chavire. L’émotion ne le rendit malgré tout pas aveugle et il ne tarda pas à remarquer les souillures rougeâtres sur ses vêtements et sa peau. « Tu es blessé ? Tu as mal quelque part ? » Il n’attendit pas de réponse de l’autre, des questions plus importantes viendront après, il était bien trop accaparé à chercher la moindre plaie.

stellaris