ANECDOTE 1 - Baudelaire est ce qu'on appelle un sociopathe, pathologie qui conditionne son écart au monde qui l'entoure. Incapable d'en comprendre tout à fait les usages, les aboutissants, les mœurs et les coutumes, il crée les siennes par imitation ou par total ignorance. Ses réactions ont quelque chose de discordant, il ne saurait chercher à plaire, ni même à faire bonne impression. Les attentes des autres marquent son plus total désintérêt. ANECDOTE 2 - Endurci, il parle très peu mais rien ne lui échappe, il est d'une exigence de fer qui a déjà découragé beaucoup de ses apprentis. Rien ne semble l'impressionner, comme emprunt d'un éternel mal être, d'un ailleurs, comme le pseudonyme qu'il a choisi semble le laisser supposer. ANECDOTE 3 - Enfant, il était joueur et particulièrement en avance sur son âge. On lui avait diagnostiqué un léger autisme, faisant de lui un véritable génie, déjà emprunt d'une certaine distance. Cependant sa gaité d'enfant lui permettait encore de demeurer parmi le commun des mortels, c'était un enfant plutôt apprécié pour sa curiosité et son intérêt, sa facilité à comprendre. C'était surtout l'héritier Virmund, tant attendu, voué à reprendre la tête de la famille, choyé et gâté. ANECDOTE 4 - Le point de bascule s'est fait à l'adolescence, tandis que les vieux secrets de famille ont su grouiller hors du tapis sous lequel ils étaient cachés jusqu'à lors. Un coup de trop du patriarche Virmund, et c'est un petit frère tant attendu, véritable espoir d'un renouveau et d'un véritable amour fraternel, qui disparaissait. Dès lors, Faust Virmund ne fut plus qu'un fantôme, d'une froideur extrême, quasi inapprochable, en proie à une sorte de dépression chronique nourrissant sa haine envers ses parents. ANECDOTE 5 - La filiation aux scythes et l'abandon de son identité tant détestée est sans doute ce qui l'a sauvé de l'internement. Il n'a hésité qu'à peine une seconde avant de laisser derrière lui tout ce qu'il avait connu jusqu'à lors. Allant jusqu'à abandonner sa tignasse blonde au profit d'une coloration aile de corbeau, il venait de tuer toute image du jeune Faust pour épouser son statut de poète. Les parents Virmund, inconsolables et enragés devant une telle trahison, choisirent tout bonnement d'effacer leur fils ainé. Faust Virmund disparût des photos de famille, du registre, et ils jouèrent la comédie au point de faire de leur troisième enfant, leur ainé bien aimé. Ceux qui suivirent ne connurent jamais l'identité de leur frère ainé, ni même son existence, et ceux qui avaient pu connaître le garçon, disparu à vingt-sept ans, l'oublièrent à leur tour.  ANECDOTE 6 - Plus jeune, il avait développé une fascination pour l'anatomie qu'on affilia à un désir de devenir médecin, on se trompait cependant. Si le jeune Virmund se plaisait tant à découper des insectes et bientôt, en cachette, des petits animaux, c'était bien par fascination morbide. Cela, il l'a toujours caché, à la fois dans sa dépression chronique provoquée par le refoulement de ses pulsions, mais aussi dans sa droiture. Mais son statut de scythe fut donc une opportunité double, celle de renouer avec ce qui jadis le faisait tant vibrer et qu'il lui fallait absolument cacher. ANECDOTE 7 - Il a pris le tournant il y a quelques années à peine, tâchant sans doute de récupérer la dizaine de ses vingt-ans, perdue presque entièrement dans sa dépression, à la recherche de qui il était. Il considère que ces quinze ans lui reviennent de droit désormais qu'il n'est plus perdu. Pour soixante-trois ans donc, il a le physique d'un homme d'une quarantaine d'année. ANECDOTE 8 - Il peine à ressentir des choses, sa perception est toujours très complexe. Il n'est pas dénué de sentiments mais cela s'en rapproche. Il a longtemps ressenti par procuration, à travers le bonheur ou le plaisir des autres, désormais il sait qu'il n'existe qu'une seule thérapie à son indifférence : tuer. Le massacre, c'est un milliard des impressions qu'il n'a pas ressenti pendant toutes ses années, c'est un mélange de tout, c'est la réponse aux questions qu'il se pose, c'est sa seule manière de se sentir vivant.